Analyse 3ème trimestre 2022

Bilan

Après un été plutôt positif, la fin de ce trimestre a été très agité avec des marchés financiers touchant leurs points bas annuels.

Les vents contraires développés dans nos précédents courriers (goulets d’étranglement, inflation, remontée des taux, tensions géopolitiques, ralentissement économique) sont toujours d’actualité. De surcroit avec un conflit en Ukraine qui ne prend pas le chemin de l’apaisement.

Les politiques monétaires sont entrées comme prévu dans une phase de durcissement mais de manière plus marquée qu’attendu.

Tant que l’emploi aux Etats-Unis reste solide, la FED a peu d’arguments pour inverser sa politique monétaire ayant pour but de lutter contre une inflation galopante. D’autant plus que l’économie américaine fait preuve, pour l’instant, d’une solidité indiscutable tant sur le plan de l’emploi qu’au niveau de la consommation ou de la santé financière des entreprises.

La Russie s’est considérablement affaiblie économiquement et politiquement alors que les Etats-Unis sortent renforcés de cette période. Ceci grâce à leur indépendance énergétique, leur éloignement géographique du conflit et leur résilience économique.

A l’inverse, l’Europe devrait rester en difficulté dans les prochains trimestres. En plus des problèmes structurels de cette zone, la baisse de l’euro face au dollar renchérit le coût des importations de matières premières et d’énergie et ampute sa compétitivité.

En Chine, les problèmes persistants autour de l’immobilier (qui représente 25% du PIB), et la relance budgétaire et monétaire trop timide impactent négativement l’économie qui n’atteint pas son potentiel. Le prochain congrès du Parti Communiste Chinois qui débute le 16 octobre débouchera peut-être sur de nouvelles annonces. Les déclarations de soutien à la Russie faites mi-septembre au sommet de l’Organisation de Coopération de Shangaï (OCS) sont inquiétantes, même si les dirigeants chinois semblent depuis faire quelque peu marche arrière.

Point marchés, risques et opportunités

Après un rebond des actions conséquent cet été, porté par des espoirs d’accalmie sur le front monétaire, les marchés ont inversé la tendance alors que les banquiers centraux ont confirmé (lors de la réunion annuelle de Jackson Hole) la priorité donnée à la lutte contre l’inflation, “quoi qu’il en coûte“ à la croissance économique.

Après avoir atteint des points bas portant leur valorisation de 20% à 30% en moyenne en dessous de leur niveau de début d’année, les cours des actions sont devenus plus raisonnables et prennent désormais en compte des anticipations de hausse de taux d’intérêt élevées. De la résistance ou non des marges bénéficiaires des entreprises (face à l’inflation et aux hausses des taux) dépendra la direction des marchés à court terme.

Même si le flot de nouvelles macroéconomiques est défavorable, les bilans des entreprises restent sains et leurs valorisations cohérentes, relativement aux résultats attendus.

Au niveau de l’inflation, les effets de base vont commencer à jouer leur rôle stabilisateur, et dès que la hausse des prix ralentira, les banques centrales commenceront à infléchir leurs politiques restrictives. Notons ici que la FED aux Etats-Unis aura à ce moment-là des marges de manœuvre bien plus importantes que la Banque Centrale Européenne pour soutenir son économie.

D’autre part, une résolution hypothétique de la crise Ukrainienne provoquerait certainement un puissant rebond des marchés.

L’ajustement du prix des actions à ce contexte général est déjà conséquent, mais une consolidation supplémentaire reste possible du fait de la révision des anticipations de bénéfices qui n’a semble-t-il pas encore eu lieu. Sauf, là encore, si une résolution du conflit en Ukraine ou un discours plus accommodant des banques centrales apaise les craintes des investisseurs. Il convient en conséquence d’être particulièrement attentifs à ces données pour doser l’exposition des portefeuilles en actifs risqués.

Notons en outre que les élections de mi-mandat aux Etats-Unis qui auront lieu mi-novembre et l’approche de la fin de l’année (souvent positive pour les marchés), pourraient constituer un point d’appui pour envisager l’avenir avec plus de sérénité.

Les obligations ont énormément souffert cette année du fait d’une augmentation des taux forte et rapide et d’un niveau de stress palpable sur ces marchés. Les rendements deviennent vraiment séduisants mais les perspectives de hausses de taux supplémentaires nous incitent à attendre encore un peu avant de nous renforcer sur cette classe d’actif.